Renfield

Titre original : Renfield

Renfield, l'assistant torturé de son patron narcissique, Dracula, est obligé de se procurer la proie de son maitre et de faire toutes ses enchères. Cependant, après des siècles de servitude, il est prêt à voir s'il existe une vie en dehors de l'ombre du Prince des Ténèbres.

Généralement, un film avec Nicolas Cage, ça n'inspire pas confiance. Même s'il sait désormais faire preuve d'auto-dérision comme on a pu le voir dans Un talent en or massif, il n'en reste pas moins un mauvais acteur, et n'atteindra jamais l'auto-dérision de Van Damme. Pourtant, il faut avouer qu'on a été plutôt surpris par son interprétation de Dracula, un interprétation du personnage qui deviendra certainement un nouveau standard – rien que ça –. Mais passé outre Nicolas Cage, Renfield est une comédie horrifique sur les relations toxiques et la co-dépendance qui ne parvient jamais à parfaitement mélanger les deux genres.

Renfield (Nicholas Hoult) est dépressif. Et qui ne le serait pas après des années à servir un maître suceur de sang dans une relation abusive. Le film ne cherche pas à trouver du rationnel dans le fait que Renfield gagne des super-pouvoirs quand il mange des insectes, mais plutôt à s'amuser des conséquences et du bordel qu'il met un peu involontairement avec sa super-force. Après des années à changer de ville quand la situation devenait hors de contrôle, Renfield et Dracula finissent à la Nouvelle Orléans où ils se retrouvent empêtrés dans une affaire entre la mafia du coin – la famille Lobo et plus particulièrement le jeune fils Teddy (Ben Schwartz) – et une policière tenace, Rebecca (Awkwafina).

On sent que le scénariste Ryan Ridley aime les anciens films de monstres d'Universal, car il recréé dans son histoire l'ambiance du Dracula de 1931 avec Bela Lugosi. Le réalisateur, Chris McKay, a de son côté choisi de ne pas faire un film d'horreur classique, et a préféré pencher vers l'aspect gothique. On retrouve ainsi le Dracula en haut-de-forme et avec une cape, le trône de poches de sang, et la cachette crasseuse du comte. Entre la pâleur de Renfield et l'aspect décomposé d'un Dracula qui n'arrive plus à retrouver sa jeunesse parce que le sang de nos jours n'est plus d'assez bonne qualité – mais où sont passés les nonnes et les petits enfants sages ? – l'univers grotesque des vampires est bien présent.

Le plus impressionnant reste cependant la façon dont Cage maîtrise totalement le personnage de Dracula. On ne s'y attendait pas, mais il était fait pour ce rôle ! Une performance qui surpasse l'original de 1931, mais aussi le Dracula de Bram Stoker, et même Entretien avec un vampire ! Ce qui ne fonctionne pas, ce sont les sous-intrigues qui s'entre-choquent sans parvenir à prendre le dessus. Rebecca est une flic qui tente de laver l'honneur de son père assassiné, mais cette intrigue voit Awkwafina, une actrice généralement hilarante, coincée dans un arc narratif policier qui s'embourbe. Nicholas Hoult de son côté forme un très bon duo avec Cage, mais dès qu'il est en solo, on s'ennuie ferme.

Ce qui fonctionne, par contre, c'est le niveau complètement démesuré de gore dans la violence. Et ça dès la première décapitation. Un super-Renfield, augmenté suite à l'ingurgitation d'une araignée, décroche la tête d'un énorme gars d'un simple coup de poing. C'est le genre de scène ridiculement violente qu'on aurait pu voir chez un Jason Voorhees. Et le département des effets spéciaux s'en donne à coeur joie à partir de là, ajoutant un amas incalculable de litres de sang pendant que Renfield pulvérise toute la mafia Lobo, ou pendant que Dracula se fait ses repas. On aurait cependant apprécié que ce soit du sang utilisé sur le tournage, et pas du sang numérique ajouté en post-production, parce que du coup les personnages ressortent de chaque scène avec des vêtements quasiment non tâchés, ce qui est dommage. Mais bon, au moins, l'aspect cartoon rend les scènes gores plutôt drôles.

Les scènes d'action rappelleront parfois un peu trop Kingsman à mon goût. Elles ne cherchent pas vraiment à innover et volent un peu cette ambiance démesurée. Mais ce n'est pas la base du film, qui d'ailleurs est un peu bancale. Car Renfield est un meilleur hommage aux films d'horreur que ce n'est un film d'action. Mais c'est pourtant un meilleur film d'action que ce n'est une comédie. Et malgré tout c'est une meilleure comédie que ce n'est un thriller policier.

Renfield est un film un peu bancal, qui mélange les genres sans que le mélange ne soit homogène. Cependant, si vous êtes venus pour voir Nicolas Cage en comte Dracula, le film ne vous décevra pas ! Cage s'approprie le personnage comme personnage avant lui. Parce qu'au final, on s'est quand même bien amusé, le film vaut un peu plus que la moyenne. Et puis c'est court, c'est à peine une petite heure et demie. Ce n'est pas un film qu'on retiendra, mais il vaut le coup d'être vu une fois.

Maykel

Écrivain et vidéaste multitâche. Fou, écrit tout un tas de trucs d’un intérêt plus ou moins relatif. Souvent confondu avec un panda (mais est en fait une licorne). Adepte du Body Positive. Un gamer sur console et un cinéphile averti (en vaut deux... oui j'ai aussi un humour moisi).