Titre original : Le gendarme se marie

Durant l'été, les gendarmes de Saint-Tropez ont pour mission de traquer les chauffards. Lors d'un contrôle routier d'une voiture roulant à vive allure, Cruchot tombe sur la femme de sa vie : la veuve d'un colonel de gendarmerie. C'est le coup de foudre immédiat.
Suite au succès du second film, le scénariste-réalisateur Jean Girault et son co-scénariste Jacques Vilfrid ne perdent pas de temps pour imaginer les bases d'une suite. Girault pense immédiatement à plonger Louis de Funès dans une histoire d'amour. Si dans un premier temps, ils évoquent l'idée de marier Cruchot (Louis de Funès) à une riche américaine en hommage au précédent film, ce sera finalement la veuve d'un colonel de gendarmerie, qui pourra ainsi placer en Cruchot de grandes ambitions. Pour être sûr cependant que le public aime l'idée, un sondage est lancé dans la presse avec des résultats positifs pour cette idylle. De son côté, de Funès annonce lors d'une interview que ce serait son dernier film du Gendarme.
C'est de Funès lui-même qui insiste pour que Claude Gensac obtienne le rôle de sa nouvelle épouse. Elle sera son épouse à travers plusieurs films, dont Oscar et Les grandes vacances, car de Funès appréciait son tempo de jeu, son répondant, et sa capacité à ne pas s'épuiser lorsque de Funès exigeait de nombreuses prises pour peaufiner son jeu. Mais le réalisateur aurait préféré une autre actrice et, furieux de ne pas avoir eu qui il voulait, a fait vivre un calvaire à la pauvre Claude Gensac qui n'y était pour rien et qui, des années plus tard, raconte que le réalisateur la faisait venir à 8h sur des journées de tournage où elle n'avait aucune scène à tourner juste "au cas où il fallait modifier une scène".

Comme quoi même dans les années 60 il y avait du drama sur les tournages français ! Michel Galabru revient dans son rôle d'adjudant Gerber. On remarquera au passage que son prénom est changeant selon les épisodes. Il s'appelle Alphonse dans le premier film, puis Jérôme dans le second, ce troisième, et le suivant, puis Antoine dans le cinquième film, avant de redevenir Alphonse dans le dernier épisode. Il semblerait que la continuité ne soit pas d'une grande importance pour Girault car on retrouve ce même souci pour la femme de l'adjudant Gerber (Nicole Vervil) qui s'appelle Cécilia dans le premier et second film, revient ici sous le prénom de Gilberte, puis sera successivement à nouveau Cécilia dans le film suivant, Germaine dans le cinquième film, et Simone dans le dernier. La fille de Cruchot est toujours jouée par Geneviève Grad, mais ce sera la dernière fois qu'elle endossera ce rôle. Réticente à l'idée de tourner un nouvel épisode de la franchise, elle refusera de revenir pour les épisodes suivants.
Vous l'avez vu venir en voyant l'année de sortie du film, le tournage a été très compliqué car il a débuté le 20 mai 1968, alors que le pays est agité par les grèves et révoltes depuis déjà quelques semaines. Persuadée que Saint-Tropez ne serait pas touché par le mouvement de mai 1968, la production n'a pas jugé bon de repousser le tournage. Si les premiers jours de tournage se déroulent sans incident, une réunion syndicale a finalement lieu le quatrième jour pour envisager une grève. Tout le milieu du cinéma français est touché par des grèves de techniciens et d'acteurs, le tournage ralentit, mais Louis de Funès, hostile à la grève dans un premier temps, insiste pour continuer. Il finira par rejoindre les grévistes.
Cette grève se déroule dans une ambiance de vacances, les équipes sont logées gratuitement dans un hôtel de luxe et Saint-Tropez est vidée de ses habituels touristes. L'équipe passe ses journées à la plage mais l'ambiance se dégrade rapidement car plus personne n'est payé. Un vote entre techniciens et acteurs a lieu à bulletins secrets et finalement, le tournage reprend le 6 juin. Le drama pourrait s'arrêter là s'il n'y avait pas, à la sortie du film, une dernière polémique entre Jean Lefebvre et Louis de Funès. Lefebvre avait déjà vu sa participation réduite dans le film précédent (il passait la majeure partie du film dans un hôpital) parce qu'il ne s'entendait pas avec de Funès, mais cette fois, il a carrément accusé de Funès d'avoir imposé des coupes au montage pour que son personnage apparaisse moins à l'écran.

Malgré tout, on ressent encore dans ce film la bonne humeur qui se dégage du casting. Le scénario est un peu plus vide puisque tout tourne autour de ce coup de foudre et on assiste juste à une succession de saynètes, mais la plupart des situations restent drôles grâce à la complicité entre Galabru, de Funès et Gensac.
Points positifs
- Claude Gensac
- Un de Funès survolté
- De bons gags
Points négatifs
- Un scénario un peu creux
- Une réalisation au rabais
- Des scènes vraiment gênantes (comme celle où la fille de Cruchot fait semblant d'avoir 8 ans)
Le gendarme se marie reste malgré tout un succès au cinéma, et on doit remercier l'absence de réseaux sociaux à cette époque, qui n'ont pas pu faire la lumière sur tous les drama derrière la caméra. Cet épisode est loin d'être une référence, c'est même celui qu'on oublie le plus facilement, mais il sait encore déclencher quelques rires, principalement grâce à son casting.
La note de Critique Universe :

Écrivain et vidéaste multitâche. Fou, écrit tout un tas de trucs d’un intérêt plus ou moins relatif. Souvent confondu avec un panda (mais est en fait une licorne). Adepte du Body Positive. Un gamer sur console et un cinéphile averti (en vaut deux... oui j'ai aussi un humour moisi).