Deliver us the moon

Fiche technique
Testé sur : PlayStation 5
Egalement disponible sur : PlayStation 4 / Xbox Series S-X / Xbox One / PC
Editeur / Développeur : Wired Productions / KeokeN Interactive
Genre : Aventure
Nombre de joueurs : 1

Sorti en 2018 sur PC, puis en 2020 sur consoles de génération précédente, ce petit jeu indépendant (issu d'un financement participatif) obtient en 2022 sa version réactualisée pour les générations actuelles de consoles. Découvrons ensemble un puzzle game très contemplatif qui nous emporte sur notre silencieux astre lunaire.

L'histoire nous est dévoilée au fil de l'aventure par bribes. Le postulat de départ nous place aux alentours de 2030 sur une Terre qui n'a plus d'énergie car la planète se meurt. Mais sur la lune, l'homme a trouvé l'Helium-3, un composé énergétique qui peut être renvoyé sur Terre via un rayon de micro-ondes et qui permet à la planète de se gaver en énergie. Concrètement, on est d'accord, c'est une solution de secours. Mais les humains s'en contentent, tant qu'ils ont l'énergie nécessaire pour vivre. Sauf que voilà, en 2054, la communication est mystérieusement rompue. Le rayon n'approvisionne plus la Terre qui se meurt à nouveau et les humains se prennent de plein fouet des vagues de chaleur, tempêtes de sable, montées des océans et j'en passe.

Il faudra cinq ans aux humains survivants pour parvenir à monter une expédition vers la lune, ne pouvant croire que les colons qui y sont présents ont délibérément arrêté d'approvisionner la Terre. C'est là que commence le jeu, qui vous demande de trouver le moyen de lancer la fusée avant que la tempête de sable ne frappe la base de lancement, détruisant au passage la seule fusée restante. On commence donc le jeu sous pression, avec un chrono aux fesses. Une fois cette séquence passée (ainsi que la suivante qui vous emportera en apesanteur), on passe à un jeu plus classique et contemplatif. Ne vous attendez pas à un survival post-apocalyptique, il n'y a aucun ennemi dans ce jeu, et le rythme est lent. Vous êtes vraiment là juste pour admirer les décors, et découvrir ce qui s'est passé.

Le scénario est toutefois plutôt réaliste, on a l'impression qu'on se dirige vers le même sort. Et la physique l'est tout autant, on ressent bien la lenteur et la légèreté dès qu'on est en extérieur sur la lune, bien différente de celle des structures qui possèdent une gravité artificielle. Dès qu'on est en apesanteur dans la première partie du jeu, le haut et le bas deviennent relatifs, on ne sait plus où on va, on est désorientés, comme on le serait dans la réalité. Et on se déplace sans le moindre bruit puisque dans l'espace, le son ne se propage pas. En extérieur, votre combinaison ne contient que peu d'oxygène. Il faudra trouver un moyen de la recharger régulièrement sinon, c'est le coma assuré. Heureusement, le jeu n'est pas punitif, vous réapparaissez quelques minutes plus tôt au dernier point de sauvegarde, qui sont assez nombreux. Dans son déroulement, le jeu est assez dirigiste et donne une fausse impression de monde ouvert. Vous êtes en fait dans des couloirs, dont les portes sont fermées et ne s'ouvrent qu'une fois que vous avez terminé une certaine zone. Vous reviendrez rarement aux mêmes endroits.

Sublimée par le Ray Tracing, cette version PS5 du jeu est magnifique. On a parfois l'occasion de s'arrêter juste pour admirer la lune sur laquelle on se déplace. Le jeu est intégralement localisé en français, textes (les sous-titres mais aussi les plaques affichées un peu partout) et voix. Et ça tombe bien, car comme tout jeu contemplatif, il va vous falloir lire un bon paquet de journaux pour comprendre réellement l'histoire. Subsistent quelques temps de chargement, étonnants sur PS5, mais qui doivent être les vestiges d'un portage de la version PS4 qui a servi de base pour éviter de re-coder tout le jeu nativement. Le principe du jeu contemplatif risque de déplaire à beaucoup, car on ne fait que marcher, lire des documents, regarder des hologrammes, et résoudre quelques puzzles jamais très compliqués. Globalement, comme le jeu est dirigiste, on utilise l'équipement de notre combinaison à des moments précis. On ne peut pas utiliser notre laser découpeur à tout moment, uniquement sur certaines pièces de certains murs. Le petit robot drone qu'on trouve au cours du jeu n'a aussi qu'un seul intérêt : ouvrir les portes.

Il faut donc surtout avoir envie de s'intéresser au scénario, et avancer pour trouver le prochain élément de l'histoire (et puis surtout, savoir enfin où sont passés tous les colons de cette planète, car il n'y a aucun corps !). En recoupant tous les éléments découverts, vous serez alors en mesure de savoir ce qui est arrivé à la lune et ses habitants, mais surtout, de rétablir la connexion entre la lune et la Terre. Parce que pendant que vous gambadez ici, la Terre continue de subir des cataclysmes. L'ambiance est cependant plus dans la mélancolie que dans le thriller. La durée de vie du jeu est d'environ 8 heures, ce qui est plutôt pas mal pour le genre. Surtout que c'est un jeu indépendant.

Deliver us the moon remplit ses promesses avec des graphismes sublimes. Il faudra cependant aimer le genre de jeu dans lequel il n'y a aucun ennemi et dont l'histoire est dévoilée à un rythme plutôt lent. Si c'est le cas, alors vous trouverez dans ce jeu une très belle expérience, dont le scénario fait froid dans le dos tant il a l'air de nous pendre réellement au nez.

Toutes les captures d'écran de cette critiques ont été prises par nos soins sur PlayStation 5.

Maykel

Écrivain et vidéaste multitâche. Fou, écrit tout un tas de trucs d’un intérêt plus ou moins relatif. Souvent confondu avec un panda (mais est en fait une licorne). Adepte du Body Positive. Un gamer sur console et un cinéphile averti (en vaut deux... oui j'ai aussi un humour moisi).