Titre original : Cocaïne bear
Titre québécois : Ours sous cocaïne
2023 - USA - 1h35 - Comédie horrifique
Vu au cinéma

Après qu'un ours noir de 200 kilos ait consommé une quantité importante de cocaïne et se soit lancé dans une saccage alimenté par la drogue, un rassemblement excentrique de flics, de criminels, de touristes et d'adolescents se rassemble dans une forêt de Géorgie.
Ce qu'on aime avec les films d'horreur volontairement comiques, c'est justement qu'ils sont conscients de ce qu'ils sont et ne se prennent pas (trop) au sérieux. C'est dans cette folie que naissent les meilleures scènes (je ne me remets toujours pas de cette pépite qu'est Crabs!). Et c'est encore meilleur quand le sujet principal est un animal déjà impressionnant de base qui devient soudain un super-prédateur. Qui ne s'amuse pas en voyant des idiots de surfeurs (parce que dans ces films, ils sont toujours rendus détestables), à qui on a demandé de ne pas aller à l'eau mais qui n'en font qu'à leur tête, se faire dévorer par un requin ? Crazy bear possède ce genre de chose mais, contrairement à un Sharknado, parvient à être assez convaincant pour aussi être effrayant. Je me suis tellement amusé que je ne me plaindrais même pas du titre original anglais qu'en France, on a encore remplacé par un autre titre anglais... ah si, je viens de le faire.
Alors oui, le pitch est ridicule. Un ours trouve de la cocaïne dans la forêt, la mange, et ça tourne mal. Ça ne vous étonnera pas si je vous dis que vous pouvez tout de suite poser votre cerveau, il ne sera pas sollicité. Sachez pourtant que ceci est tiré d'une histoire vraie d'un ours qui a ingéré 34 kilos de cocaïne en 1985. Cependant dans la réalité, l'ours est mort quasi-instantanément car aucun ours ne peut supporter 34 kilos de cocaïne... aucun humain non plus, d'ailleurs. Dans le film, qui se déroule aussi en 1985, c'est bien plus drôle d'en faire un ours dépendant à la drogue qui, quand il est en manque, devient un tueur invincible. Mais contrairement à Des serpents dans l'avion qui se demandait "Et s'il y avait des serpents dans un avion ?", ou Sharknado qui se demandait "Et si il y avait des requins dans une tornade ?", Crazy Bear a le courage d'aller plus loin que sa question de départ et devient étonnamment une réussite. C'est à la fois très drôle et très violent.

Ce qui rend parfait l'équilibre entre comédie et horreur dans ce film, ce n'est pas seulement son concept complètement absurde, mais aussi que chaque acteur est à fond dans son rôle. On sent qu'ils se sont tous vraiment amusés sur ce tournage. Que ce soit Ray Liotta (dans l'un de ses derniers rôles) en grand-père baron de la drogue ou Margo Martindale en ranger du park complètement inutile. Elle m'a fait penser à (attention, référence datée, je suis vieux) ce ranger inutile dans le dessin animé Yogi l'ours qui n'arrive pas à empêcher Yogi de voler les paniers repas des randonneurs. D'ailleurs tout ce film est comme une version horrifique de Yogi l'ours dans laquelle Yogi a sniffé le mauvais panier.
L'aspect horrifique fonctionne à la manière des Dents de la mer. Je m'explique : Les dents de la mer est effrayant parce que les requins existent dans l'océan et attaquent parfois des gens. Le film jouait sur la crainte que vous deveniez vous-même de la nourriture pour requin lors de votre prochain séjour à la plage et a amplifié cette crainte en rendant le requin gigantesque et chasseur d'hommes, ce qui n'arrive pas dans la réalité. Dans la même veine, n'importe qui peut se balader dans un parc naturel aux États-Unis et se retrouver face à un ours, mais il est impossible d'en croiser un qui ai ingurgité une tonne de cocaïne. Le film démarre même en nous rappelant comment se protéger, dans la réalité, quand on croise un ours dans un parc naturel. Sauf qu'ici, ces conseils ne servent à rien. Et on s'amuse à voir ce prédateur déchiqueter des gens qui fuient inutilement (mais qui sont pour la plupart dotés de mauvaises intentions).
C'est d'ailleurs établi très tôt dans le film que cet ours est une machine à tuer inarrêtable. Il est énorme, rapide, capable de grimper aux arbres, de défoncer des portes, ou de faire des bonds de plusieurs mètres pour atteindre sa cible. C'est au studio Weta qu'on doit l'animation de l'ours, des pros à qui ont doit déjà les effets de sagas comme Le Seigneur des Anneaux ou Avatar. Les morts s'enchainent et sont toutes gores, quand elles ne sont pas aussi hilarantes. Dans la réalité, les ours ne se donnent pas la peine de tuer leurs victimes, ils se contentent de les déchiqueter vivants (bon appétit, au fait). Mais sous cocaïne, notre ours vedette prend un réel plaisir à s'assurer que ses proies n'ont plus un seul souffle de vie avant de continuer sa route. Il est assez impossible d'avoir envie de voir un seul des personnages humains s'en sortir, car ils sont soit de mauvais fond, soit vraiment idiots. Mais il est aussi impossible d'avoir envie de voir l'ours s'en sortir, parce que... ben c'est un dangereux tueur sous cocaïne. Alors on se contente de profiter du spectacle et de voir tout ce monde se croiser dans le chaos le plus total.

Ce qui est affolant, c'est la capacité Jason Voorhees-esque de notre ours. C'est à dire qu'il est partout. Peu importe où courent les personnages, l'ours est toujours sur leur chemin. Deux scènes qui se suivent peuvent se dérouler à deux endroits éloignés de la forêt, l'ours sera toujours là. À un moment, une mère (Keri Russell) qui cherche sa fille part dans la direction opposée de l'ours en courant pendant une heure... pour finir dans sa tanière. Hautement ridicule et donc incroyablement drôle. Quand Sharknado était sorti, j'avais proposé une idée de scénario baptisée Zombinami, avec un tsunami rempli de zombies. Hollywood ne m'avait pas écouté, dommage, ça aurait fait un carton. Mais je réitère cette fois, après Cocaïne Bear (dans son titre original), je propose Méthamphéléphant, Crackodile, ou encore LSDauphin (LSDromadaire marche aussi). Je demande juste à être crédité pour le titre, allez hop, au boulot les scénaristes !
Points positifs
- C'est drôle !
- Mais aussi effrayant
- Les personnages sont idiots, mais tellement que c'en est drôle
Points négatifs
- Quelques lenteurs
- J'ai tellement dit "cocaïne" dans cette critique que le FBI doit être en train d'enquêter sur moi
Crazy bear, malgré quelques lenteurs (étonnamment, en 1h35, le film m'a paru long une ou deux fois), célèbre le non-sens de son histoire avec une brochette de personnages excentriques, des gags qui fonctionnent et des meurtres violents. C'est tout ce qu'on lui demandait. Si les comédies horrifiques, c'est votre truc, vous passerez un excellent moment. Bien que son thème soit la drogue, le film évite l'overdose et reste fun d'un bout à l'autre. Il y a même plusieurs scènes durant le générique pour nous dévoiler ce que sont devenus les personnages !
La note de Critique Universe :

Écrivain et vidéaste multitâche. Fou, écrit tout un tas de trucs d’un intérêt plus ou moins relatif. Souvent confondu avec un panda (mais est en fait une licorne). Adepte du Body Positive. Un gamer sur console et un cinéphile averti (en vaut deux... oui j'ai aussi un humour moisi).